Google: les internautes à la recherche d’une alternative

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il y a 1 an 9 mois #1 par Modérateur
«J’en avais un peu marre d’envoyer un mail à un ami, puis qu’on me propose quelques heures plus tard une publicité ciblée liée au contenu du message. Donc j’ai cherché autre chose.» Quand Isabelle, 62 ans, retraitée de l’éducation nationale, se met en quête d’outils numériques alternatifs, cela fait déjà quelques années qu’elle se confronte à un malaise que beaucoup ressentent devant leur ordinateur : sentiment d’être vaguement épiée, vaguement utilisée, sans contrepartie vertueuse. Que la vie privée sur le web n’est pas assurée à 100%. Qu’écologiquement, ces outils ne brillent pas par leurs efforts en matière d’empreinte carbone. Que la concurrence déloyale, imposée par Google et sanctionnée de nombreuses fois, confère à un système verrouillé et indépassable.

Cette désagréable impression n’est pas totalement le fruit d’une paranoïa aiguë, comme le confirme Varun Kabra, de la messagerie cryptée Proton : «Il y a plusieurs dangers à utiliser la totalité des outils Google, car vos données sont collectées et monétisées. C’est leur modèle économique : Google vend votre profil aux annonceurs qui vous proposent ensuite des publicités ciblées. Et si on parle de la messagerie, qui n’est pas sécurisée, cela veut dire que n’importe qui chez Google peut lire vos messages.» Soit. Mais est-ce vraiment souhaitable, voire possible de quitter Google ? Pourquoi entretenons-nous avec cette entreprise une sorte de syndrome de Stockholm ?

Entreprises «vertes»
Si c’est la dimension écologique qui vous chiffonne, Ecosia peut être une alternative. Ce moteur de recherche «plante des arbres» lorsque vous faites une requête, la moitié des revenus de l’entreprise étant reversée à des entreprises de plantation : «Quand un utilisateur entre une requête dans notre barre de recherche, il aura des résultats sponsorisés parmi les résultats naturels. Plutôt que de garder les revenus issus des liens sponsorisés, on reverse les bénéfices à nos projets de reforestation», explique Juliette Chabod, responsable de l’entreprise en France (la maison mère est à Berlin). D’après la société, un arbre est planté toutes les 45 requêtes. «On plante aujourd’hui dans une trentaine de pays. Depuis plus de dix ans, c’est 150 millions d’arbres plantés dans des zones critiques de biodiversité.» Ecosia permet de repérer les entreprises «vertes» grâce à un système de pictogrammes : une petite feuille pour les entreprises qui ont au moins un label écologique, une usine pour les entreprises gourmandes en énergies fossiles.

Autre option vertueuse, cette fois plus sociale : le moteur de recherche français Lilo qui promet de financer des projets sociaux et environnementaux. Mais c’est un méta-moteur qui s’appuie sur les résultats de Google et de Bing, et il est régulièrement critiqué pour la confusion qu’il crée entre les résultats naturels et sponsorisés.

Isoler les outils
Le problème (ou le génie) de Google, c’est son extrême flexibilité. De la boîte mail à YouTube en passant par Google Maps, il est difficile d’isoler les outils pour trouver des alternatives en fonction de tous ses besoins. En matière de mails, Proton peut être une option envisageable. Cette messagerie cryptée est très utilisée par les journalistes et les militants dans des territoires surveillés numériquement (Turquie, Inde, Iran, Hongkong, Etats-Unis). C’est aussi un calendrier, un espace de stockage, un VPN intégré, le tout basé en Suisse, soit en dehors de la communauté de partage des renseignements. Malgré ces précautions, Proton n’est pas infaillible : en 2021, l’entreprise avait dû fournir les données des militants Youth For Climat à la police française, provoquant l’ire des manifestants.

Pour les outils de recherche, on peut se convertir à Qwant (moteur français qui utilise également l’algorithme de Microsoft) ou DuckDuckGo (qui garantit l’anonymat de ses utilisateurs et dont les résultats viennent de nombreuses sources, dont Yahoo et Bing). Enfin, il reste StartPage. Plébiscité par les utilisateurs de Tor (réseau informatique décentralisé), ce service se targue d’être le moteur de recherche le plus privé au monde. En interrogeant dix moteurs et sites dont Bing, Google et Wikipédia, les résultats sont relativement fiables, sans laisser de traces sur le web… mais sans la dimension écolo ou sociale. Qu’on se le dise : au-delà de Google, le chemin est encore long avant qu’une saine concurrence laisse place au libre choix de ses outils numériques.

Marie-Eve Lacasse - Libération 27/06/2022
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